Le mot du Président
A l'aube de ma retraite, la présidence du prochain colloque THS 8 à Biarritz représente pour moi un dernier challenge qui devrait conclure heureusement ma passionnante carrière.
Plusieurs raisons m'ont poussé à accepter avec plaisir cette présidence. Tout d'abord pour honorer la mémoire de Jean-Marie Guffens pour qui les rencontres THS ont été l'oeuvre de sa vie.
Pendant une trentaine d'années j'ai tenté de faire partager mon enthousiasme pour la réduction des risques et les traitements de substitution par la méthadone en présentant nos résultats encourageants dans divers congrès. En France, pendant longtemps, mes interventions prônant la prescription de méthadone ont suscité une réprobation polie à défaut d'une franche agressivité. Les préjugés, le manque de connaissances, la crainte d'un contrôle social sur les toxicomanes ou la peur d'une concurrence déloyale expliquaient en partie l'hostilité habituelle des spécialistes français qui a duré de longues années.
C'est pourquoi je garde un souvenir ému du 1er THS à St-Tropez en 1993 et de ma rencontre avec Jean-Marie Guffens. J'ai été immédiatement séduit par sa gentillesse, son humanisme, son ouverture à la réduction des risques et son intérêt pour les marginaux, les toxicomanes et les malades du Sida. Le premier public de ce colloque était composé de médecins de terrain, de travailleurs sociaux engagés, de représentants des associations de toxicomanes alors prêts à entendre mon discours en faveur des traitements de substitution par la méthadone. A plusieurs reprises, ma présentation a été interrompue par de chaleureux applaudissements. Depuis, je suis resté un fidèle de Jean-Marie et des colloques THS.
Certes, au fil des années, le côté familial, informel, spontané, à la bonne franquette des premières réunions s'est estompé au profit d'une organisation mieux structurée. Mais pas encore optimale pour satisfaire pleinement mon côté obsessionnel, mon désir d'un "swiss timing" ou mon souci d'une administration transparente.
C'est pourquoi la raison principale qui m'a poussé à accepter la présidence du THS 8 est l'engagement du Dr Jean-Pierre Daulouède comme directeur de ce colloque, secondé efficacement par Arkaitz Aguerretxe-Colina, auquel il a confié la responsabilité de l’organisation du congrès.
Jean-Pierre Daulouède est un ami de plus de 30 ans. Il m'a convaincu à l'époque de l'intérêt de l'anesthelec ( appareil d'électrothérapie ) dans le sevrage des opiacés. Je suis venu à sa rescousse en pleine guerre méthadone pour tenter de concilier des positions passionnées. J'ai soutenu dès sa création son équipe pluridisciplinaire qui reste une des meilleures équipes que je connaisse. La disponibilité de Jean-Pierre Daulouède, ses compétences cliniques, son sens de l'écoute, son engagement dans la cité et à médecins du monde, tout autant que ses qualités d'organisateur, sa rigueur et sa capacité à maintenir un haut niveau d'exigences en font le directeur idéal qu'il me plaît d'épauler.
Le choix de Biarritz est aussi un gage de succès. Cette ville de congrès dispose de toute l'infrastructure professionnelle de l'Office du Tourisme Biarritz qui garantit une organisation optimale.
Le réseau relationnel et institutionnel de Jean-Pierre Daulouède, sur ses terres, facilite grandement la mise sur pied d'un colloque qui s'annonce déjà comme exceptionnel.
En effet nous voulons aussi améliorer la qualité des présentations. La venue de spécialistes américains comme le Prof Charles O'Brien, des chercheurs du NIDA et d'experts européens, avec une traduction simultanée, va assurer un grand intérêt scientifique de ces journées, en même temps qu'une ouverture aux participants non francophones.
Nous souhaitons aussi favoriser les échanges individuels en valorisant les posters et en permettant à leurs auteurs de présenter leurs résultats en début de chaque matinée.
En raison du grand nombre de présentations et d'exposés déjà prévus concernant les multiples aspects des dépendances chimiques et comportementales, des hépatites et du Sida, plusieurs ateliers sont prévus en parallèle chaque jour. Pour permettre à chacun de se déplacer dans ces groupes au gré de ses intérêts, un strict respect des horaires des présentations devra être respecté. Une feuille journalière précisera les derniers changements de programme.
Enfin le côté humaniste qui a caractérisé les colloques THS doit persister. Diverses conférences de haut niveau au caractère plus sociologique ou philosophique sont prévues, conjointement aux exposés plus scientifiques.
A six mois maintenant des rencontres de Biarritz, au vu des éléments d'information à ma disposition et de la qualité des organisateurs, je peux d'ores et déjà prédire un grand succès pour ce colloque THS 8 et j'invite chacun à s'inscrire, si possible avec un projet de poster ou de présentation que le comité scientifique aura du plaisir à examiner.
A très bientôt
Jean-Jacques Déglon
Créateur de la Fondation Phénix à Genève.